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Fugitif, 2018, 100 cm X 40 cm x 100 cm, tissu, colle, latex, métal.

Je propose une sculpture qui représente ma vision personnelle du corps féminin qui se déploie dans l’espace. Il y a deux objets dans mon œuvre : l’objet qu’on voit et celui qui est évoqué. Le sens tient dans cette relation. Je fais l’action de recouvrir plusieurs objets et de les dissimuler par un drapé rigide. Cette œuvre ne montre pas strictement les sujets, mais témoigne d’une action posée lors de mon processus créatif. En tant qu’artiste j’ai la possibilité et le pouvoir d’émettre des œuvres qui témoignent de mon intériorité, mais qui laissent place à la libre interprétation. Je décide ce que je laisse paraître et dissimule ce qui est trop dit. J’impose donc une sculpture qui ne montre rien outre la matérialité de mon médium et oblige le questionnement vis-à-vis de la forme ainsi que l’objet dissimulé.

photographies prises par : Anthony Daniel Photographe

"L'artiste propose ici une sculpture de tissu et de métal, l'aspect minimaliste, la neutralité des couleurs et l'usage de matériaux bruts renforcent la matérialité de cette œuvre abstraite. Tout comme les couleurs ont une symbolique, ici le blanc évoquant le froid et la mélancolie, le tissu fait référence aux drapés des sculptures antiques. De plus ce même tissu suggère la présence et le corps, et est animé d'un fort mouvement dû au processus de création. Les tiges de métal semblent transpercer cette forme organique, rôdante, comme si elles l'entravaient dans son mouvement, dans sa progression, et la blessaient. On peut aussi y voir un genre de blessure d'un corps "fuyant", le métal tenant place d'arme et le tissu de pansement.

Cette sculpture à taille humaine, portée à notre regard par un double socle, est placée d'égal à égal avec le spectateur. Elle n'est ni un objet, ni un monument, et agit plutôt comme une présence créant une certaine ambiance autour d'elle. Quand on l'approche, on entre dans un monde laissant libre cours à l'interprétation, nos questionnements vis à vis de cette œuvre restent sans réponse. Son abstraction et sa matérialité sont à la fois un mur et une porte face à notre capacité de compréhension de l'œuvre. L'artiste joue avec la relation entre l'objet qui est vu physiquement par le spectateur et celui évoqué dans l'imaginaire de ce dernier. Le titre nous indique seulement une notion de mouvement, sans nous guider vers une lecture plus précise de l'œuvre.

Les jeux de pouvoirs dans cette sculpture sont multiples, ils comprennent le pouvoir créatif de l'artiste, qui pose un geste et modèle la matière à son envie. Le créateur choisit ensuite de définir plus précisément son œuvre ou pas, comme c'est le cas ici. C'est son pouvoir de décision quant au dévoilement du sens de son œuvre qui met à l'épreuve notre interprétation de celle-ci. Cela peut même nous entraîner jusqu'à un vertige lorsque l'on essaie de répondre à toutes les questions que celle-ci soulève. Enfin l'artiste joue une fois de plus avec le spectateur en contrôlant ce qu'elle laisse paraître et rend visible au monde et ce qu'elle dissimule. Ce drap recouvre en fait 7 objets appartenant au passé de l'artiste, témoins de son passé et de son intimité. En les cachant dans le drapé elle évite (ou empêche) une nouvelle fois au spectateur d'accéder à une lecture plus orientée de son œuvre et rend cette dernière plus intime et secrète."

 

Texte écrit par : Maeva Fabert, étudiante en histoire de l'art.

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